Mon cher papa
J’e he baucaup de plesir de vous écrire en frances. Je ne pueno esperé votre contestation, parce que cette letree est la letrée que’n devons écrire chaque mois. Il no·i·a pas beaucoup de jours que nous avons eu un conge et nous a[v]ons ale prommenade avec madame Quinceur. Hier est venu au S[acre] C[oeur] un jesuite et nous a fet une goule instruccion sur le tems. Il nous a·dit quil fet bien l’enployer et qui’l se peout diviser en deux parties, cet a dire, l’indicateur de la creacion et l’indicateur de la redemhtion, ansuite il a douné deux ommages: une à la plus sâge des grandes et une à la plus sâge des petites. J’e pance qu’a·la Noël il y aura une première coumunion. La so[e]ur des demuaselles de Portolà est venu[e] pour la fere. Sa tante et son papa m’on dit de vous fa[i]re ses complimens. Ge me purte bien et ge sui chaque jour plus conttente d’être au Sacre Co[e]ur. Vous dires a maman qu’elle demande permission à madame Quincieur de fere quelque chose de goli[e]. Madame superiore, madame Quincieour i madame Serre vous font leurs amities. Ge desire de tout mon coeur que vous m’envouyes bien tôt mes petites so[e]urs. Vous leur dires beaucup de choses. Me[s] part dares espretions à tous les autres de la meson. Ge pence que celà vous ple que ge vous écri[s] en francé.
Adieu mon cher papa. Ge vos anbrace de tout mon cour, an desirant tougur me[s] petites so[e]urs.
Vôtre soumis enfant,
Manuelita Barraquer
Vernet, novenbre 28, an 1844